Découverte d’un événement cycliste au Japon : L’Azumino Alps Century Ride 2023

Le billet a pris un peu plus de temps que prévu (euphémisme) mais j’y suis enfin arrivé !
Le dernier week-end de Mai 2023, j’ai participé à mon premier événement de cyclisme. Ce n’était pas une course mais un Century Ride, juste une randonnée de normalement 160km : L’Azumino Alps Century Ride 2023 (AACR 2023) non loin de la ville de Matsumoto dans la préfecture de Nagano.

Avec 3 autres amis Français résidant au Japon, nous avons décidé de nous inscrire à la version 1un peu plus courte de 120km vu que c’était la première fois que certains d’entre nous allions faire une si grande distance dans une région un peu montagneuse.

Pour couper court à tout suspense, j’ai absolument adoré. J’ai traversé des paysages superbes, j’ai adoré croiser tout un tas d’autre cyclistes, l’ambiance était relax et j’en ai appris un peu plus sur mes capacités de cycliste.

Photo officielle de l’AACR 2018

Je me suis dit que certains seraient peut-être interessés de voir comment un événement de ce style se passe au Japon (avec beaucoup de photos).

Avant l’événement

Découverte de l’AACR

Pour tout vous avouer, j’ai découvert l’existence de cet événement via un animé « Long Riders« , un animé sur une universitaire qui découvre les joies du cyclisme et surtout du touring. C’est assez médiocre avec certains épisodes un peu fan-service qui n’ont aucun intérêt. Et pourtant dans 2 des épisodes, la protagoniste et ses amis décident de participer à l’AACR et la façon dont l’événement est décrit me vend immédiatement du rêve:

– Une balade de 160 km à travers la vallée d’Azumino le long des Alpes Japonaises.
– Des paysages remplis de verdure et de rizières sur fond de montagnes enneigées.
– Des points de ravitaillement tout le long du trajet qui distribuent des collations locales (de la préfecture de Nagano) avec des spécialités différentes à chaque arrêt.

Inscription et préparatifs

Chaque année les places partent très vite, il a donc fallu que je sois à l’affût lors de la semaine d’ouverture des inscriptions. Surtout qu’il a fallu que je renseigne une quantité impressionnante d’information pour chaque membre.

Il était aussi obligatoire de faire inspecter son vélo par un vélociste avant l’événement via un formulaire à faire remplir lors de l’inspection. Le but étant de garantir que les participants ne viennent pas avec des vélos en mauvais état.
Je peux comprendre la volonté d’anticiper les accidents dus à un mauvais état de matériel mais c’est un peu dommage de forcer un passage chez un vélociste pour ceux qui s’occupent régulièrement de leur vélo par eux-même.

L’événement s’est déroulé un Dimanche avec enregistrement sur place obligatoire la veille pour recevoir son dossard. Il a donc fallu chercher un logement pour 4. Nous voulions 2 nuits car nous avions tous conclu que rentrer directement sur Tokyo après la fin des 120km allait être trop épuisant et stressant, nous avons donc tous pris notre Lundi. Ca n’a pas été facile de trouver quelque chose d’intéressant via les recherches d’hôtels classiques/ryokan, mais nous avons pu trouver un excellent AirBnB situé à 3km de la ligne de départ ! Le départ étant à 5h50 du matin le Dimanche, être au plus près nous a permis de ne pas avoir à nous lever trop trop tôt. Autre bon point, la présence d’un onsen à 1km, parfait pour se relaxer juste après la course !

Il a fallu aussi organiser le trajet Tokyo-Matsumoto. Le train s’est imposé comme le choix le plus logique (on avait peur que les vélos prennent des dégats dans des soutes d’autocar) et nos recherches nous ont amené à utiliser le Limited Express Azusa partant de Shinjuku, arrivant à Matsumoto en 2h30 à 6600 yens le trajet dans un sens.

Azusa Limited Express partant de Shinjuku et allant jusqu’à Matsumoto

Au Japon, on peut transporter un vélo dans quasi n’importe quel train du moment qu’il est complètement « emballé » pour empêcher qu’il ne salisse les gens (pneus, chaîne, etc…) et du moment qu’il n’est pas laissé sans surveillance dans un endroit où il pourrait gêner.
Techniquement, n’importe quoi peut faire l’affaire pour emballer son vélo. Il y a des récits sur Internet de cyclistes Japonais devant prendre un train en urgence qui ont emballé leurs vélos avec une multitude de sac poubelles scotchés ensemble achetés dans un combini juste en face d’une gare.

En plus pratique, il y a des sacs dédiés dénommés rinko-bag (輪行バッグ) en vente. Certains demandent d’enlever les 2 roues du vélo, certains demandent d’en enlever qu’une seule. Pour ma part, suite à d’excellentes reviews mon choix s’est porté sur le Fairmean Bag, un sac designé et produit par un Australien vivant en partie en France et en partie au Japon. Il est un peu cher mais est extrêmement bien pensé et est renforcé aux endroits clés, on sent que son concepteur est un cycliste qui a essayé de répondre au mieux à ce problème.

Le Samedi matin du week-end de l’événement, je me suis retrouvé pour la première fois avec mon vélo emballé dans la Yamanote.

Dans le Azusa, le but a été de réserver un siège dans la dernière rangée de chaque wagon car il y a un espace capable d’accueillir un vélo derrière cette rangée. Malheureusement j’ai découvert sur place que le Azusa est moins large qu’un Shinkansen et que dans un sac dans lequel on ne démonte qu’une seule roue, le vélo reste trop long pour être placé dans cet espace. Il peut être placé à la verticale mais dans mon cas, la roue arriere bougeait et menaçait de faire tomber le vélo.
J’aurais pu régler ce souci si j’avais eu un elastique pour activer la poignée du frein arriere en permanence mais sans lui j’ai trouvé la situation trop risquée. Je me suis donc résolu à laisser le vélo dans la partie près des portes, mais à chaque arrêt il a fallu que je me lève de mon siège et sois prêt à bouger le vélo selon si la porte de gauche ou droite allait s’ouvrir pour ne pas qu’il gêne les passagers qui embarquaient ou débarquaient.
La prochaine fois il faudra peut-être que j’amène une sangle pour mieux sécuriser mon vélo à la verticale et un elastique pour engager le frein.

Arrivée à Matsumoto et enregistrement

C’est donc à Matsumoto que l’on remonte nos vélos juste devant la gare. Le lieu pour finaliser notre enregistrement est à une vingtaine de kilomètres de là. Pas de problèmes, une formalité sur des vélos de route.

Passage devant le château de Matsumoto

En nous rapprochant du lieu d’enregistrement, on commence à croiser d’autres cyclistes, on commence à échanger des coucou et des signes de main.

Puis on arrive à l’enregistrement, une sorte de parking voiture aménagé avec diverses tentes et stands des différents sponsors de l’événement: des marques de vélo, d’équipement ou des vélocistes.

C’est là que l’on commence à prendre conscience à quel point les Japonais, comme tout plein de passions, n’hésitent pas à dépenser sans compter quand ils sont à fond dans un hobby. Le nombre de vélos ultra haut de gamme était bluffant.

On échange nos dossards et on reprend la route pour une autre quinzaine de kilomètres vers notre AirBnB, une charmante petite maison au style « scandinavien » comme ils disent dans la description. Juste une raison pour moi pour dire maison meublée Ikéa à pas cher XD

On décide d’aller à l’onsen pour se relaxer vu sa proximité, on dîne sur place et on blinde de sucre lents en tout genre, traduction: grosse portion de riz et/ou de pâtes 🍝🍙

On en profite également pour faire le plein de barres énergetiques, bananes, boissons isotoniques et gels pour le lendemain au combini du coin. Gérer son énergie et son alimentation vont être la clé pour éviter le coup de barre au milieu.

On se couche à 22h avec un réveil mis pour 4 heures du matin. Demain est le grand jour !

Jour J

Lever difficile, petit déjeuner pris en silence, préparation de l’équipement. On décolle du BnB aux alentours de 5h20 and on arrive aux alentours de 5h35 sur la ligne de départ.

Ligne de départ

C’est à ce moment qu’on réalise que le nombre de vélos qu’on a vus hier était juste une toute petite fraction du « vrai truc ». Des centaines et centaines de cyclistes, des vélos de toutes marques et de différentes gammes de prix. On trouve une grande majorité d’hommes mais il y a quand même une proportion non négligeable de femmes et il y a même quelques enfants (genre 12 ans).

Les départs se font groupe par groupe. Aux alentours de 5h50, vient notre tour et c’est partiiiiiii !!!

Je ne vais pas faire une chronologie de la journée car ça ferait un peu long mais je vais décrire un peu les principaux points qui ont fait de cet événement un vrai plaisir.

Des routes agréables et de superbes paysages

C’est là que l’on découvre vraiment les joies de rouler à la campagne. Le problème de Tokyo, c’est que la mégalopole s’étend sur des dizaines de kilomètres dans toutes les directions, en vélo il faut passer parfois 2h pour vraiment s’extirper de l’environnement urbain. Mais ici on est dans la vraie campagne. Nous sommes immédiatement sur des routes avec beaucoup moins de traffic, les routes sont longues sans bâtiments pour nous couper la vue. Les seuls obstacles hauts sont les arbres.
Il y a peu de feux rouges, on s’arrête beaucoup moins, la possibilité de rouler en ligne en formation nous permet d’accélérer notre vitresse moyenne en se protégeant les uns des autres du vent.

Nous sommes au milieu des rizières et les montagnes des Alpes du Nord avec des cîmes encore enneigées nous servent de superbe arrière-plan. Couplé au ciel bleu et au temps magnifique, un vrai bonheur.

La carotte des points ravitaillements

L’un des points les plus intéressants de l’AACR est la présence de points de ravitaillement environ tous les 20 kilomètres. On peut se recharger en eau, mais surtout on a le droit à une ou plusieurs collations offertes qui sont différentes à chaque point !
Toutes les collations sont également en majorité issus de produits locaux (région de Nagano).

Pour moi qui adore manger, c’est génial, on a à la fois un événement sportif et une découverte de produits locaux. Cela nous motive entre chaque arrêt ravitaillement pour mériter la récompense.

Une ambiance vraiment cool

Vous n’êtes pas sans savoir que les Japonais sont en général moins bavards ou enclins à parler avec des inconnus comparé à d’autres pays où engager une conversation de façon aléatoire avec des inconnus est beaucoup plus commun.
Dans ce genre d’événements j’ai remarqué que c’était beaucoup plus facile. Quand vous partagez la même passion, il est en effet plus facile de parler à son voisin, surtout qu’il n’y avait pas de compétition, c’était encore plus vrai sur la dernière partie où tout le monde commence à fatiguer et où les gens essaient de s’encourager. Tout le monde était là pour profiter et prendre du bon temps. 😎

Arrivée et post-événement

La fierté une fois la ligne d’arrivée atteinte. Nous sommes arrivés aux alentours de 15h39. Soit un peu moins de 10 heures pour faire les 120 km en prenant en compte les pauses.
6h20 de pédalage sur le vélo à une vitesse moyenne de 18.4 km/h (en y allant tranquillement, on ne voulait pas risquer de se cramer, et il y avait du relief). Un effort estimé à 2000 calories (en plus des 2000 calories necessaires pour un jour normal).

Puis le bonheur du Japon : pouvoir aller directement à l’onsen pas loin juste après l’effort, se doucher et se prélasser dans un bain en extérieur pour dissoudre toutes les crampes et l’effort musculaire.

Je crois qu’on est tous endormis sur le coup de 20h30, ma tête à peine posée sur l’oreiller que je suis parti rejoindre les bras de Morphée en moins de 30 secondes.

Le lendemain, on doit prendre le train retour à Matsumoto à 11h, on a à nouveau 30km à faire entre le BnB et la gare. Le temps est un peu plus gris mais là encore on peut profiter une dernière fois des routes de campagne, des rizières et même d’une piste cyclable qu’on avait loupé à l’aller qui a rendu cette dernière balade encore plus agréable.

De retour sur Tokyo, on se rend compte que c’est quand même beaucoup moins agréable en termes de paysage et surtout beaucoup plus gris et bétonné xD

Conclusion

Pfiou, le billet était un peu long mais je tenais à écrire et garder mes impressions de ce premier événement en vélo pour plus tard quand je relirai ce blog à l’occasion.

Si certains d’entre vous ont des questions n’hésitez pas à les laisser en commentaire, je me ferai un plaisir d’y répondre.

Ce que cette expérience m’a apprise, c’est que faire du vélo comme ça est vraiment quelque chose que j’adore et je compte faire d’autres événements dans le futur. Je vais également tenter des voyages en vélo sur plusieurs jours en mode bikepacking.

À la prochaine (en espérant cette fois ne pas trainer pendant des mois) !

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